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Emilie K. 28 ans, violée par un motard à l’âge de 23 ans

  • faitestomberleviol
  • 29 janv. 2016
  • 4 min de lecture

Ce samedi après-midi d’août 2007 à Montpellier, Emilie (son prénom a été changé) rentre d’un déjeuner avec des amis. Un homme en moto la suit, tape à la porte de l’immeuble en faisant mine d’avoir oublié les clefs. Quand elle lui ouvre, il lui met un couteau sous la gorge en menaçant de la tuer. Il gardera sa cagoule noire pour la violer, dans son appartement.

La décision de porter plainte

« J’ai eu le réflexe d’appeler le 17 juste après, parce que je savais qu’il serait possible de retrouver des traces d’ADN qui serviraient de preuves. J’avais envie de me doucher, mais je ne l’ai surtout pas fait. Le premier contact avec la police a été très pédagogique. Au téléphone, ils m’ont expliqué que c’était très grave, que je venais de me faire violer. Ils sont arrivés un quart d’heure après. Ils n’ont pas pris le temps de se présenter, pour eux je n’étais qu’un élément de la scène de crime. Les questions étaient très factuelles, à aucun moment la police ne m’a pris en compte en tant que personne. Je suis montée dans une voiture pour aller à l’hôpital et ils m’ont dit de venir les voir le lendemain pour déposer ma plainte. »

Le parcours judiciaire

« A l’hôpital, j’avais l’impression d’être un bout de viande. Je pense que je me suis retrouvée avec un médecin légiste qui avait l’habitude d’observer des cadavres. Je n’ai vu aucun psychologue, j’ai juste eu le droit à une phrase toute faite du genre : « Si vous avez besoin d’aide vous pouvez appeler ce numéro. » Je suis rentrée chez moi dans un état second.

Le lendemain au commissariat, le policier a pris le temps de m’expliquer pourquoi ils prenaient mon ADN et ce qui allait se passer ensuite. Dans la foulée, j’ai rencontré le procureur à qui j’ai dû tout raconter à nouveau dans les moindres détails. Les questions étaient tellement insistantes que j’ai dû dessiner un plan de mon appartement avec des flèches indiquant où j’étais allée. Le procureur absorbait les informations que je lui donnais. J’aurais parlé à un magnétophone, ça aurait été pareil. C’est seulement quand j’ai eu une avocate que j’ai pu évoquer ce que j’avais ressenti. On était davantage dans l’écoute, moins dans l’urgence de trouver des preuves.

Un an plus tard, on m’a donné rendez-vous avec une psychologue pour vérifier que je n’étais pas une affabulatrice. Je me suis sentie scrutée dans tous les sens, comme si j’avais quelque chose à me reprocher. Elle m’a interrogée sur ma relation avec mon père et m’a demandé si j’avais eu des pensées suicidaires avant mon viol. J’avais le sentiment qu’elle prenait des éléments contre moi. J’ai attendu plusieurs mois avant d’avoir ses conclusions, que j’ai reçues avec les conclusions des rapports psychologiques de toutes les autres victimes.

Je suis restée des mois sans avoir de nouvelles de la procédure. J’appelais sans cesse les policiers et mon avocate pour essayer d’en savoir plus. J’avais l’impression de les harceler. En juin 2009, soit deux ans après le viol, j’ai été convoquée au commissariat pour identifier mon agresseur. Le policier m’a montré une grille avec des photos et m’a demandé : « c’est qui ? » Je n’en savais rien, il portait une cagoule le jour du viol ! Pour lui, c’était comme si je n’avais qu’à pointer du doigt le bon visage pour gagner le jackpot. Une fois mon agresseur identifié, il m’a fait remarquer que je m’étais trompée dans la description de sa moto. Comme j’étais une fille, je n’avais pas été capable de faire la différence entre une moto sportive et une moto de coursier ! »

Le procès

« Il a eu lieu en mai 2010. Avant d’y aller, je ne savais pas du tout quelle allait être ma réaction en me retrouvant face à mon violeur : de la peur, de la pitié, du dégoût ? C’était très impressionnant. Toutes les victimes n’étaient pas présentes, mais ils y en avaient plusieurs. L’accusé à refusé de reconnaître les viols. Comme il m’avait pénétrée digitalement, il y a eu un échange assez houleux pour savoir s’il s’agissait d’un viol ou non. « On pourrait considérer ça comme un effleurement », a plaidé son avocat. Il a aussi dit que c’était « un pauvre garçon » qui avait vécu « des choses difficiles dans son enfance. »

Le verdict

« L’avocat général a requis huit ans de prison. Il a été condamné à douze ans ferme avec obligation de soins. Pour moi, douze ans est une peine juste. Pour le moment, il est toujours en prison.

Je ne regrette absolument pas d’avoir porté plainte. Le procès n’a pas mis un point final mais cela marque la fin d’un chapitre. »

D'après ELLE magazine, de Hélène Guinhut

Remarque

Emilie a porté très longtemps ce sentiment de culpabilité qui est présent encore aujourd'hui. En effet, le fait de prendre un faux nom nous prouve qu'elle préfère avouer à visage caché, à la société ce qui lui est arrivé. De plus, contrairement à Marie-Ange Leboulaire (voir le témoignage: Marie-Ange Leboulaire, 44 ans, victime d’un violeur en série ) la police n'a pas respecté son statut de victime « humaine » ce qui nous démontre que malgré les dispositifs de l’état, le viol est toujours un sujet délicat qui n'est pas forcément bien pris en considération.


 
 
 

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