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Marie-Ange Leboulaire, 44 ans, victime d’un violeur en série

  • faitestomberleviol
  • 29 janv. 2016
  • 4 min de lecture

En 1994, Marie-Ange a été violée par Patrick Trémeau, surnommé le « violeur des parkings ». Après sa bataille judiciaire, elle s’est engagée auprès des victimes. Elle est aujourd’hui présidente de l’Association Nationale pour la Reconnaissance des Victimes et vice-présidente de l’association Elues contre les violences faites aux femmes.

La décision de porter plainte

« J’étais bien entourée donc porter plainte m’a semblé évident. Plutôt que de penser à moi, je ne voulais surtout pas que cela arrive à une autre. J’ai appelé la police, et les policiers se sont immédiatement déplacés. Ils ont été très prévenants. Par exemple, c’est une femme de l’équipe qui m’a emmenée dans ma chambre pour me demander ce qui s’était passé. Juste après, ils m’ont accompagnée dans leurs locaux.

« Est-ce que vous voulez qu’une femme prenne votre déposition ? » C’est la première question que l’officier de police judiciaire m’a posée. Il l’a fait instinctivement, mais c’était très important pour moi, cela montrait que je n’étais plus une chose, mais que je redevenais un être humain. Je me suis tout de suite senti en confiance. Evidemment, l’entretien est difficile, fatiguant, mais quand c’est fini on ressent un grand soulagement. »

Le parcours judiciaire

« J’étais une victime active. En m’impliquant, j’avais l’impression de former un binôme avec la police. J’ai participé à plusieurs identifications, jusqu’au jour où un policier m’a appelée en me disant que cette fois, ils avaient sûrement arrêté la bonne personne. Ça m’a permis de me préparer et d’y aller accompagnée de mon frère.

L’identification de Patrick Trémeau a mis fin à l’étape policière. C’est difficile parce qu’on perd tout nos repères et qu’en entrant dans le monde de la justice, on est confronté à un système complètement impersonnel. Je suis restée des mois entiers sans nouvelle, j’allais voir ma boîte aux lettres tous les jours. Trois mois après, j’ai reçu une convocation. A la lecture de ce papier, je ne savais plus si j’étais la victime ou l’accusée. Pendant mon audition, le juge m’a posé des questions assez déstabilisantes. Par exemple, il m’a demandé s’il faisait jour durant mon agression alors que j’ai été violée dans un parking souterrain ! Après m’être énervée, je suis partie en pleurs.

Quelques mois après, le juge a décidé de faire une reconstitution dans le parking. Là, je me suis retrouvée comme dans un film, avec la rue barrée et des cars de CRS. Une fois de plus, les policiers ont été très sympas. Je me souviens leur avoir fait remarquer qu’ils avaient mis les menottes de Patrick Trémeau devant, m’empêchant ainsi de le frapper à cet endroit stratégique. Ils n’ont rien dit, mais quelque minutes après, j’ai vu que mon agresseur avait les menottes dans le dos. C’était symbolique mais ça m’a touchée.

J’ai dû attendre deux ans et demi avant le procès. Pendant cette période, je n’ai eu aucune nouvelle de la justice, à part une lettre, m’informant que le procès aurait lieu dans 8 mois. A l’époque, j’étais dans le déni total, j’essayais de reprendre une vie normale, mais je n’y arrivais pas. »

Le procès

« J’étais très stressée mais en même temps heureuse que cela arrive. J’avais aussi envie de rencontrer les autres victimes. Le procès aux assises a duré une semaine. La justice nous avait donné des numéros selon un ordre chronologique. J’étais la victime numéro 9. En face de nous, il y avait ce type qui faisait des clins d’œil et essayait de nous dominer. Quand la cour a parlé des relations qu’il avait eues avec sa mère, j’avais l’impression que c’était lui la victime. Il s’est mis à pleurer, a dit qu’il ne se sentait pas bien et le procès a été interrompu pendant une heure trente.

Le récit des autres victimes a été un choc. Après avoir entendu treize fois les mêmes récits, je ne pouvais plus prétendre que c’était un film. Le procès a déclenché un véritable stress post-traumatique. C’est comme si j’avais été victime ce jour-là. Je suis tombée dans une dépression qui a duré deux ans. Malgré tout, ce procès a été libérateur. En allant jusqu’au bout, mon statut de victime a été reconnu par la justice et la société, c’est extrêmement important. Je suis fière d’avoir porté plainte. Pour remercier les policiers de leur aide tout au long du procès, les autres victimes et moi les avons invités au restaurant à l’issue du procès. »

Le verdict

« Au lieu de demander la peine maximale de 20 ans, l’avocat général a requis 18 ans sans jamais nous expliquer pourquoi. Patrick Trémeau a été condamné à 16 ans de réclusion criminelle. Avec les autres victimes, on a tout de suite calculé combien cela représentait par personne. Ce n’était vraiment pas grand-chose. Après cinq jours de procès, nous étions épuisées. Je n’étais ni dans la revendication ou la colère, j’avais juste envie de rentrer chez moi me coucher.

En mai 2005, Patrick Trémeau a été libéré. J’ai demandé à la juge d’application des peines de me prévenir et elle m’a envoyé un courrier quinze jours avant sa sortie. Il a récidivé trois semaines plus tard. Bizarrement, je me suis sentie coupable. Mais qu’est ce que j’aurais pu faire de plus ? D’un autre côté, j’étais soulagée car je savais qu’il irait à nouveau en prison et que je serai à nouveau tranquille. La culpabilité se manifeste d’une façon assez étrange. »

D'après ELLE magazine, de Hélène Guinhut

Remarque

Marie Ange a reçu beaucoup de soutien de la part des agents judiciaires. Ce qui lui a permis assez rapidement de comprendre qu'elle n'avait pas à se sentir coupable et responsable. Son témoignage nous prouve que ses sentiments ne sont pas présents. Elle a été violée mais n'en a pas honte, elle s'est battue pour avoir justice et la société l'a reconnue comme victime et non comme coupable.


 
 
 

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